samedi 3 février 2007

"Bike rider et boat people"

Un cycliste québécois qui traverse la région Acadiana dans le sud ouest de la Louisiane ne peut rester insensible et faire abstraction d'un événement parmi les plus sombres de sa propre histoire: la déportation des Acadiens.

En 1755, ces derniers, arrachés à leur coin de terre, ont été ballottés ici et là; tantôt refusés par les États de la côte est, redirigés, en France, en Angleterre, ou carrément expédiés aux Indes, en Guinée ou dans les îles Falkland. Tragique destin!

Une trentaine d'années plus tard, les Espagnols qui avaient obtenu, en 1762, le contrôle de toute la Louisiane, peinent à trouver des colons. Ils arment sept navires et rapatrient ( le mot n'est pas juste) ces errants.
Les premiers "boat people"( ...aujourd'hui, on aurait sûrement accolée cette expression aux Acadiens d'alors) retrouvent le Nouveau-Monde. Essayant de se refaire une identité, ils se regroupèrent autour des bayous et des prairies de l'ouest de la Louisiane. Au fil du temps et des influences, les "Acadians"devinrent des "Cadians", puis des "Cajuns".

Le "bike rider"québécois qui refait ses forces, dans une petite ville qui aura nom de Bayou Picot, Evangeline, Leonville etc...attablé devant une spécialité cajun, le "boiled crawfish"(langoustines ou écrevisses bouillies), envoûté par les notes plaintives de l'accordeon et du violon de la musique cajun, porté par les paroles des chansons qui évoquent encore aujourd'hui la vie et la culture, ce qui unit ou déchire, de même que l'attachement aux valeurs des déracinés, ne pourra éviter de se remémorer l'épisode de ce douloureux Grand Déménagement. Ensorcelé ou nostalgique, il reprendra sa route vers le fleuve Mississippi qu'il devra franchir, lui-même maintenant, accoudé au bastingage d'un traversier qui l'amènera à St- Francisville, non loin de Bâton-Rouge. Décidera-t-il alors d'aller y jeter un coup d'oeil ou de pousser une pointe vers New-Orleans?

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